C’est une des mesures initiées par la métropole en partenariat avec la CCI pour aider les commerçants montpellierains que la crise sanitaire a affaibli. La plateforme « click and collect » https://jesoutiensmescommercants.montpellier.fr/ est un échec. Preuve à l’appui, les témoignages des commerçants.
Quand on se rend sur cette plateforme, une chose nous frappe en premier lieu : sa conception laisse à désirer. Comme le montre cette capture d’écran, une « carte » des commerçants recensés sur le site est proposée. Problème : lorsqu’il s’agit de zoomer dans la carte pour repérer un commerce, c’est long et fastidieux.
Vaille que vaille, nous avons appelé les commerçants qui ont joué le jeu. Comment l’inscription sur la plateforme s’est-elle passée ? Des mails envoyés par la CCI, auxquels les commerçants ont répondu avec les informations demandées à propos de leur commerce et voilà, quelques clics plus tard, le commerce apparaît sur la plateforme.
Les commerçants ont cru à ce projet, mais pour la dizaine interrogée, les résultats sont nuls. Que ce soit pour Futon boutique installé boulevard du jeu de paume dont le gérant explique simplement que « la plateforme n’a généré aucune commande », ou pour la bijouterie de Gaëlle, L’instant d’Apprêts, rue du four des flamme qui témoigne du fait que la plateforme n’a rapporté aucune vente, et même, certains clients potentiels lui ont expliqué en boutique qu’ils avaient tenté de la joindre par cette plateforme et que leurs messages étaient restés sans réponse. Même bilan du côté de la boutique de Mathilde, Espadrilles et Panamas. Mathilde qui profite de l’interview pour exprimer la déception qu’elle et ses collègues commerçants ressentent vis-à-vis de la CCI « on a tous eu le même sentiment d’abandon de la part de la CCI ». La Chambre de Commerce et d’Industrie qui selon cette jeune patronne (elle a repris la boutique il y a trois ans), n’a pas (ou très mal) communiqué sur certaines actions menées par les commerçants, comme cette nocturne le 18 décembre. La plateforme click and collect n’a pas non plus ramené de clients chez beauty art, qui résume l’action en deux mots « aucun intérêt ». Même constat chez le chocolatier de 67 ans qui tient la boutique Amandeous rue de l’aiguillerie, et qui de son côté a choisi de mettre en vente sa boutique, tant le chamboulement des accès automobile au centre-ville l’inquiète.
Plusieurs plateformes, davantage de confusion
Autre élément d’analyse : il existe plusieurs plateformes click and collect liées à Montpellier, celle dont on parle, https://jesoutiensmescommercants.montpellier.fr/ mais aussi https://montpellier.city-shopping.fr/ https://commerces.ouest-france.fr/montpellier-34000/click-and-collect/?int_emplacement=BP_OF_LOCAL&int_medium=BP_MONTPELLIER&int_campaign=BP. En bref, si vous tapez dans votre barre de recherche « click and collect Montpellier », des dizaines de résultats s’affichent, peu lisible donc pour le consommateur.
Des pistes de réflexion
Au détour de notre enquête, nous avons pu échanger avec Margaux, une des patronnes de la boutique de fripes Jaja La Fouine, installée au Marché du Lez et depuis un an rue Marioge. La boutique de Margaux n’est pas référencée sur le site click and collect de la ville. Cette chef d’entreprise de 33 ans nous explique que l’an passé, sa boutique a fermé 12 semaines… et a pourtant enregistré un chiffre d’affaires 10% supérieur à l’année précédente. Magie ? Non, Margaux évoque le fait qu’elle et son associée ont crée une véritable communauté autour de leur concept (à savoir vendre des vêtements d’occasion et présenter les collections de créateurs qui travaillent exclusivement dans une démarche d’upcycling, c’est-à-dire dans une démarche écologique qui consiste à créer à partir de matériaux recyclés), en utilisant la force des réseaux sociaux. Ainsi, on se demande si au lieu d’investir dans cette plateforme click and collect, la métropole ne devrait pas accompagner les commerçants pour se former aux réseaux ou les aider à embaucher stagiaires, apprentis, salariés, spécialisés dans le community managment, un axe de développement qui semble incontournable quand on veut faire du commerce aujourd’hui.