Quand on a une famille nombreuse à Montpellier, selon où l’on habite, la voiture devient vite indispensable… rencontre avec Chloé, habitante du quartier Fontcarrade et mère de sept enfants.

Situé entre la cité Gély et Astruc, Fontcarrade est un quartier de Montpellier populaire et résidentiel. Installée ici avec son mari et ses sept enfants âgés de zéro à 14 ans, Chloé passe beaucoup de temps en voiture « j’ai eu des enfants prématurés et dans ce cas, on doit se rendre régulièrement à l’hôpital après la naissance, et là avec les voies cyclables [route de Ganges], je mets une heure ! Et quand je regarde sur la piste, je vois deux vélos… pareil quartier de la Mosson où j’emmène ma fille à la gym, une énorme piste cyclable a été créée, pas de vélo et plein de bouchons ». Chloé se rend régulièrement chez sa mère qui représente un véritable relais… à la retraite depuis peu, cette dernière habite Antigone, alors pour se rendre chez elle, Chloé passe par le tunnel de la Comédie, qui va bientôt fermer… « je vais chez ma mère cinq fois par semaine et je passe par le tunnel de la Comédie, avant, je passais par Albert Dubout qui est passé en sens unique, alors si le tunnel ferme, je devrais passer par près d’arènes, où il y a des bouchons tout le temps… du coup je vais réfléchir à deux fois avant de me déplacer, cela va m’isoler non seulement moi, mais aussi ma mère… »

Occasionnellement Chloé prend le tram « mais avec des enfants c’est compliqué, d’autant qu’il faut marcher jusqu’à l’arrêt, c’est long ! Et dangereux, il faut traverser la voie rapide, ça me fait très peur, d’ailleurs le matin j’emmène les enfants à l’école en voiture à cause de ce danger, ils devraient faire une passerelle ! Ou mettre un agent le matin et le soir pour faire traverser les gens. » Au quotidien, la voiture est pour Chloé le moyen de transport le plus logique, le plus rapide et le plus agile, mais elle se déplace à vélo dès qu’elle peut « mon mari m’a offert un vélo électrique, dès que je peux je le prends, mais c’est rare avec 7 enfants ! ». De son côté, le mari de Chloé travaille à la poste Rondelet et se déplace à vélo… La famille fait donc de l’écologie dès que c’est possible, Chloé dit d’elle-même qu’elle fait de « l’écologie relationnelle » : « j’aide ma voisine âgée pour les courses, je passe chercher les enfants de cette autre voisine… avant de faire des millions de travaux on devrait travailler à l’entraide, le collectif, c’est de l’écologie aussi. ». Chloé plébiscite la seconde main pour tout un tas d’achats, les vêtements, les meubles, et elle aimerait faire plus mais n’a pas les moyens « j’aimerais acheter en vrac et faire le marché des Arceaux, mais c’est bien trop cher ». Quant à la ville du quart d’heure, Chloé en rêve « si nous avions les moyens nous habiterions rue Marioge, on ferait tout à pied, ou sinon on irait vivre une vie de village à Ganges, mais en habitant ici, on n’est ni en ville ni dans un village, on a besoin de notre voiture ne serait-ce que pour aller faire des courses, amener les enfants au foot, à la gym… »

De plus, Chloé souffre d’une maladie auto-immune qui fragilise ses os « dans 5 ans je ne sais pas si je pourrai marcher, il faut prendre en compte les personnes âgées, les parents, les personnes handicapées dans une politique, et là nous sommes exclus… cela va créer plus d’isolement social pour les personnes les plus fragiles… ».

La réduction de la place de la voiture, Chloé y croit « mais là c’est trop brutal, s’il y avait du dialogue, de la discussion, de la concertation, de nombreuses mesures passeraient mieux ». 

Chloé conclut l’échange en évoquant la faible communication de la ville à propos de tous ce sujet de mobilité « on doit aller chercher les informations, ma voisine du dessus qui a 50 ans n’est pas au courant de toutes ces mesures ! Et je ne vous parle pas de la ZFE : avec la naissance de ma dernière fille, on va devoir changer de voiture mais on ne sait pas quoi acheter, car les voitures critère 1 ou 2 qui pourront à termes circuler dans la métropole valent trop cher pour nous… »