Elise est la cofondatrice du groupe Facebook Raccompagne ta sœur qui compte aujourd’hui 1700 membres. L’objectif : aider les Montpelliéraines à rentrer sereinement chez elles
L’idée est partie d’un constat simple : à Montpellier, quand on est une femme, on a peur de se déplacer seule, notamment la nuit. Montpelliéraine depuis 10 ans, Elise confie « mon sentiment d’insécurité a augmenté, même ma mère qui vient me rendre visite une à deux fois par an me le dit, qu’il y a davantage de personnes qui errent dans les rues ». Ce constat fait, que mettre en place ? « Un article est paru dans les médias et racontait qu’il y avait un serial violeur qui sévissait sur la ligne 3 du tram, une internaute a écrit un commentaire en disant « il faut faire quelque chose et j’ai répondu « je suis là ». Elise avait trouvé son acolyte, Loïs, et ensemble, elles ont décidé de créer le groupe Facebook « Raccompagnes ta sœur ». « Très vite on a dépassé les 1000 membres et depuis que la presse a parlé de notre action, nous recevons des dizaines de demandes chaque jour » souligne Elise. L’organisation du groupe est bien huilée, la demande d’adhésion pas automatiquement acceptée : les administratrices du groupe étudient scrupuleusement le profil Facebook de la personne qui demande à rejoindre le groupe pour s’assurer que c’est bien une femme et non un loup dans la bergerie « on veut éviter les guet-apens, que des personnes mal intentionnées fassent partie du groupe ». Leurs demandes acceptées, les femmes utilisent la communauté de différentes façons : certaines publient des articles en précisant qu’elles ont besoin de faire tel trajet et demandent qui pourrait faire le chemin avec elles, une sorte de « copiétonnage », certaines membres posent des questions à propos de tel quartier de Montpellier pour savoir s’il est prudent de se balader là-bas ou non, d’autres encore expriment leurs ressentis, parlent de leurs histoires « certains messages sont tristes, une dame de 70 ans n’ose plus sortir de chez elle, elle a peur, une autre membre m’a contacté en message privé pour me raconter son agression dans le tram » déplore Elise « les gens ont besoin de parler, d’échanger, et aussi, de se réapproprier la rue ». Se réapproprier la rue, être en confiance, se sentir en sécurité, voilà les thématiques portées par l’action de RTS, et Elise compte développer le projet « on a pris contact avec un professeur de self défense qui nous a proposé des initiations à prix préférentiel, il a un programme très complet et nous permet notamment de travailler sur le mental, car quand on a confiance en soi on est une proie moins facile ». La prochaine étape : créer des évènements, par exemple des marches nocturnes, et une application « mais pour cela, il faut bien concevoir l’application, on doit surtout pouvoir vérifier les profils d’utilisateurs… » et pour ce faire, il faut s’organiser, Elise et Loïs pensent déjà à se constituer en association, un premier pas vers une action qui ne fait, semble-t-il, que commencer…
