Matthieu a 26 ans, il est originaire de Strasbourg et montpelliérain depuis deux ans. Il fait tout à vélo mais n’est pas d’accord avec la radicalité de certaines décisions prises par la ville. Entretien.
Le cadre est posé : Matthieu vient au rendez-vous en vélo avec la tenue cycliste réglementaire, mais alors qu’on pense avoir à faire à un « ultra », on comprend vite que cet alsacien d’origine est en fait assez modéré dans ses propos. La promotion du vélo en ville oui, mais pas n’importe comment ni à n’importe quel prix.
Installé à Castries avec sa compagne, Matthieu travaille à Fréjorgues et se rend au bureau à vélo « avoir une douche au bureau est un prérequis pour que je travaille dans une société. Je pose toujours la question aux employeurs quand je passe des entretiens d’embauche ».
Matthieu est membre de l’association vélocité mais souhaite créer sa propre association car il trouve que vélocité est trop « contre » la voiture. Il est par ailleurs ambassadeur « vivons vélo ».
Que pensez-vous des pistes cyclables à Montpellier ?
Je suis contre les « pistes corona virus », qui ont divisé en deux les voies de circulation sur un trajet peu emprunté par les cyclistes. La voie verte qui rallie Baillargues à Fréjorgues a été inaugurée mais n’est pas finie, les élus trouvent des solutions à des problèmes qui n’existent pas… Je pense que la méthode de la ville, à vouloir « obliger » les gens à se déplacer à vélo n’est pas la bonne. A mon avis, il faut promouvoir l’usage du vélo mais de façon modérée, seulement 10% des gens se déplacent à vélo, on ne peut pas leur donner la moitié de la voie ! Mon idée c’est de faire changer les habitudes des gens dès l’école, il faudrait que les enfants aillent à l’école à vélo et que les parents ne soient pas obligés de les emmener en voiture, ça se fait à Strasbourg…
Comment inciter les gens à se déplacer à vélo ?
Il faut travailler avec les entreprises, mettre en place des défis « au boulot à vélo » qui consistent à compter les kilomètres parcourus pas les employés à vélo, un palmarès est créé et l’entreprise remporte un label, cela renforce le team building (la cohésion d’équipe). La politique radicale n’est pas bonne selon moi, il faut donner envie aux gens de prendre le vélo, avec des évènements attrayants, et l’implication des entreprise, tout le monde travaille et se déplace pour se rendre au bureau, les entreprises peuvent donc s’impliquer, par exemple en proposant des douches aux employés. Il y a aussi le forfait mobilité durable. On peut aussi imaginer des soirées, des évènements à vélo, pour faire se rencontrer les gens, le vélo peut être un vecteur de lien social… Moi le vélo m’a permis de combattre ma timidité. Aujourd’hui les rassemblements vélo qui existent sont souvent contre les automobilistes… Il faut plutôt inciter les jeunes à prendre le vélo, pour un jeune la voiture c’est la liberté, il y a un travail d’éducation à faire…
Que pensez-vous de l’usage du vélo à Montpellier ?
En ville c’est le far ouest, entre les vélos et les trottinettes, ce n’est pas assez règlementé, pour quelqu’un qui a 40 ans et qui est automobiliste, je comprends la réticence à utiliser le vélo. Montpellier n’a pas été conçu pour le vélo, le vélo n’a pas été pris en compte quand la ville a explosé.
Comment faire maintenant ?
Ouvrir la discussion, la méthode « ultimatum » n’est pas bonne, par exemple, il faut agrandir les trottoirs et créer des trottoirs coupés en deux, une partie vélo une partie piéton, et faire cohabiter vélos et voitures sur la même route, tant qu’on distingue vélos et voitures, ce sera la guerre, il faut que les voitures respectent les vélos et vice versa, c’est un savoir vivre, il n’y a pas assez de respect, les gens sont excédés.