Thierry Uso est membre de l’association Eau’secours 34, cette association d’usagers de l’eau membre de France Nature environnement Occitanie Méditerranée s’intéresse notamment au service eau potable, au service assainissement, à la gestion des eaux pluviales, à la GEMAPI (gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations).
Dans le cadre d’une conférence dont le thème était les « zones d’aménagement concertées », les ZAC, organisée en février 2024 à Montpellier, Thierry Uso a parlé à V2M du projet de ZAC Gimel à Grabels.
Quel est l’objectif de cette ZAC ?
L’objectif de cette ZAC c’est de fournir 850 logements pour la commune de Grabels. Le problème c’est que ces 850 logements vont être sur un terrain qui est pour l’instant constitué essentiellement de terres naturelles et agricoles et que sur les 11 hectares du périmètre de la ZAC, 6 hectares vont être imperméabilisés donc artificialisés pour ces fameux logements, donc ça pose plusieurs problèmes : d’une part on est en train de continuer à grignoter la ceinture verte périurbaine entre la ville-centre Montpellier et les communes périphériques et cette ZAC est un endroit où il y a beaucoup de problèmes hydrauliques puisqu’on est au-dessus de deux nappes souterraines, dont une alimente le Verdanson, et comme on va imperméabiliser, on va réduire la recharge de la nappe par la pluie donc ça va poser des problèmes pour le Verdanson, ensuite on est sur une zone qui est une zone inondable, comme on va imperméabiliser davantage, on va créer encore plus de ruissèlement d’eau, il y a quelques endroits déjà qui sont assez souvent inondables, notamment en bordure de la ligne 1 du tram, et quand on rajoute à ça le projet Cortex de la ZAC Euromedecine 2 qui est adjacent à la source du Verdanson, on se rend compte qu’au-delà de la ZAC de Gimel, il va y avoir tout une augmentation des impacts au niveau hydraulique, au niveau perte de terre naturelle et agricole, on va aussi avoir des impacts au niveau circulation, qualité de l’air, parce que bien sur ces gens-là ils vont avoir des voitures…
On en est où ?
La ZAC est créée, l’aménageur a été choisi par la commune de Grabels, c’est un aménageur privé, c’est GGL, avec un cabinet d’architecture qui est le cabinet Fontès, donc tout ça est en place, il y a eu une concertation publique, il y a eu une enquête publique, il y a eu l’avis de l’autorité environnementale, donc tout ça c’est terminé…
Le projet n’a donc pas été remis en cause ?
Comme souvent dans les enquêtes publiques, le commissaire enquêteur considère qu’il n’y a pas vraiment de problème, que le projet doit continuer, la mission régionale de l’autorité environnementale a donné un avis, qui n’est pas censé être favorable ou défavorable par rapport à la ZAC, mais qui est un avis permettant de faire en sorte que le projet soit le plus respectueux possible au niveau environnement, donc ils ont donné un avis en disant « oui, c’est à peu près bon, par contre on se pose la question de savoir si ces logements qui visiblement sont nécessaires, pourquoi vous n’avez pas cherché un endroit alternatif qui aurait été moins impactant sur les terres agricoles, naturelles ? » Voilà, c’est tout.
Donc vous, quelle action menez-vous ?
On considère qu’on ne pourra pas, par des recours, arrêter le projet de ZAC, donc notre stratégie actuellement, c’est plutôt de demander à ce que ce projet de ZAC soit moins important, qu’il y ait moins de logements construits parce que l’aménagement sur la ZAC ça va durer 10 ans, donc ils vont le faire par tranche, donc nous on va suivre ces travaux d’aménagement, et on va voir au niveau de l’aménagement, s’il y a des impacts environnementaux, hydrauliques, plus importants que prévus, et dans ce cas-là, on va dire « on s’arrête ».
Etes-vous entendu ?
Ça aurait plus d’impact si on était plus proches des élections municipales.
Qui est votre interlocuteur ?
Le maire de Grabels [René Revol, NDLR]. Je discute pas mal avec lui dans le cadre du conseil d’administration de la régie des eaux, puisqu’il est président de la régie et que moi je suis membre du conseil d’administration, donc j’ai beaucoup de possibilités de discuter avec lui à propos de la ZAC de Gimel, je lui ai envoyé un document reprenant les études hydrauliques pour montrer les impacts potentiels de la ZAC de Gimel (si elle était construite comme c’est prévu) sur la source du Verdanson, sur les eaux souterraines etc. Je lui ai envoyé ça, et donc on va continuer à discuter avec lui etc. Pour l’instant, lui il dit que ce qu’on a fait au niveau environnement et au niveau de la source du Verdanson, on ne peut pas faire plus, nous on n’est pas d’accord, sur aussi la suppression des arbres, lui il dit « non, on en supprime quasiment pas », quand on regarde la carte on s’aperçoit qu’il en supprime quand même pas mal… donc on est en discussion et ce qu’on veut aussi, parallèlement à cette discussion, c’est médiatiser, et ça les élus ils n’aiment pas, quand on dit dans les médias qu’ils ont un double discours, qu’ils ne font pas forcément ce qu’ils disent et comme ce projet de ZAC doit être mis en conformité avec le PLUI, et le ZAN, et que là c’est la métropole qui est à la manœuvre, on va aussi interpeller la métropole.
Plus d’informations à propos de la ZAC Gimel à retrouver ici.