Pour donner envie au visiteur de découvrir le centre-ville de Chambéry, l’office du tourisme a développé un parcours patrimonial et marchand, Julie Chavaribeyre, chargée de communication à l’office du tourisme de Chambéry nous explique.
[Pour commencer, précisons que] notre destination n’est pas qu’urbaine, elle s’appelle « Chambery Montagnes » : il y a à la fois « Chambéry ville » et des massifs Montagneux alentours donc moi je ne suis pas concentrée que sur la ville… L’attractivité ne concerne pas que le centre-ville mais une destination dans son ensemble, le point commun dans tout ce que je fais c’est de raconter la destination et Chambéry en particulier, et pour Chambéry, en lien avec l’union commerciale et le service « ville d’art et d’histoire » et la ville, on a souhaité mettre en place un parcours, d’abord c’était un parcours patrimonial, comme on a une fontaine des éléphants à Chambéry, c’est un clin d’œil historique à quelqu’un qui a beaucoup œuvré pour Chambéry, donc on s’est dit qu’on allait faire « le parcours des éléphants », on a imaginé ce parcours dans tout le secteur piéton de Chambéry pour que ça soit une « promenade confort », c’est un parcours qui sillonne dans à peu près toute la ville, qui fait environ deux kilomètres (il serpente dans les allées…) donc il passe dans le cœur de ville devant des boutiques et ce parcours, au bout de deux ans, on s’est dit qu’il fallait qu’on l’agrémente avec ce qui faisait l’ADN, la specificité en termes de boutiques, de Chambéry et donc on a mis en place un parcours de boutiques de créateurs, et des adresses gourmandes, on a référencé que des commerçants (après il y a des commerçants qui ne comprennent pas pourquoi ils ne sont pas sur ce parcours, mais nous on est l’office du tourisme et on cherche à réveler ce qui fait l’essence de la ville), on se concentre sur les créateurs et les adresses gourmandes, ça peut être des produits locaux, du fromage, de la charcuterie, des patissiers, des chocolatiers, donc il y a une édition qu’on traduit en quatre langues (français, anglais, italien, allemand et en espagnol), il y a le tracé du parcours, il y a une partie avec les coordonnées des boutiques de créateurs, une partie avec les coordonnées des adresses gourmandes qui sont pointées sur le parcours, et puis il y a aussi tout un volet patrimonial avec des explications sur les éléments patrimoniaux de la ville… Qu’est ce qu’on fait d’autre ? On met en place des reportages photos et vidéos tout au long de l’année, on travaille avec des photographes professionnels pour des images qu’on utlise dans nos éditions, sur les réseaux sociaux pour mettre en avant la ville, encore une fois c’est la ville dans son ensemble, il y a des commerçants qui ne sont pas content parce qu’on ne met pas en avant LEURS boutiques mais nous on n’est pas là pour mettre un coup de projecteur sur une boutique en particulier mais sur la ville de manière générale, avec cette idée de faire venir des touristes en centre-ville, on anime ces réseaux sociaux, sur notre site on réalise des articles de blog pour mettre en avant la ville avec des thématiques pour dire ce qu’il y a de chouette à faire, le top 10 de ci le top 10 de ça… (…) et là récemment on a lancé une série de podcasts pour raconter la ville, dans nos supports on est souvent assez succints, limités en nombre de signes et on avait envie d’offrir quelque chose de plus consistant… c’est quelque chose qu’on destine aux touristes mais au final c’est beaucoup des chambériens eux-mêmes qui écoutent ces podcasts et qui retrouvent l’histoire de la ville et puis en hiver et en été on organise des campagnes de comm’ sur nos réseaux sociaux, on sponsorise des publications qu’on cible sur la région Auvergne Rhone Alpes, la région parisienne et le canton genevois pour attirer du monde en ville…
Il y a donc un plan avec un tracé, le tracé c’est le parcours de base, patrimonial, avec des numéros pour expliquer les éléments de patrimoine qui se retrouvent en cœur de ville, et sur ce parcours on a rajouté des petits points avec les boutiques des parcours gourmands et de créateurs, et puis j’ai oublié de vous dire que ce parcours est jalonné au sol avec des petits éléphants qu’on a fait sur des espèces de clous en bronze et qui sont là tous les 5 mètres et qui jalonnent le parcours au sol pour que les gens puissent se retrouver sans se perdre.
Pourquoi des éléphants ?
Parce qu’à Chambéry on a eu au XIXème siècle quelqu’un [NDLR : le comte Benoît de Deboigne ] qui a fait fortune aux Indes qui a eu une grande carrière militaire et quand il est revenu dans sa ville natale il a fait don d’un tiers de sa fortune à la ville et quand il est décédé la ville a souhaité ériger un monument en son honneur, donc il y a eu plusieurs projets et celui qui a été retenu c’est ce qu’on a aujourd’hui : la fontaine des éléphants, l’éléphant comme clin d’œil à l’Inde…
Comment sont choisis les commerçants ?
On a travaillé avec l’union commercial, pour les créateurs, à Chambéry on a la chance d’avoir des boutiques de collectifs de créateurs, ce sont des créateurs locaux, donc il faut qu’il y ait une empreinte local, et que ça représente une partie significative de leur chiffre d’affaire, c’est pas juste un petit comptoir dans la boutique, il faut qu’il y ait une âme créative et locale.
Les locaux sont-ils les premiers touristes ?
A Chambéry il y a la ville, l’agglo, et tous les massifs alentours, ça représente un nombre conséquent de personnes au final, si on pointe même 10 kilomètres autour de Chambéry ça représente je pense 250 000 habitants donc c’est ces personnes-là qu’on touche aussi à travers notre communication et puis on se rend compte aussi que les habitants ne connaissent pas forcément bien leur destination et l’un de nos premier travail c’est de leur donner à découvrir leur destination. Là on vient d’avoir notre marque « Chambéry Montagnes » et notre campagne de communication (donc sur les réseaux sociaux et avec des magazines locaux) concerne les habitants de la destination eux-mêmes pour leur parler de cette marque de destination, pour leur transmettre les valeurs qu’on souhaite partager avec eux et les podcasts ça répond à cette première démarche de parler aux habitants en leurs re-racontant leur histoire, parce que c’est vrai que Chambéry a une histoire très liées avec la maison de Savoie, beaucoup de chambériens pensant qu’on était italiens, en fait on ne l’a jamais été ! Donc c’est parti de l’idée de reposer les choses et de raconter l’histoire de la ville et de la maison de Savoie de manière générale.
Est-ce que vous avez l’impression que le centre-ville change de fonction ? Plus touristique ?
Non à Chambéry on n’est pas à ce niveau-là. Après c’est vrai que la piétinisation de la ville, les gens ne sont pas contents, toujours pour ces questions de stationnement, d’autant plus ici parce qu’on est une ville en vallée, les gens habitent beaucoup en montagne et c’est vrai que pour aller en montagne, ce n’est pas toujours évident d’y aller en transports en commun donc les gens sont encore très attachés à leur voiture donc c’est vrai que la question du parking se pose beaucoup, il devient payant… avant les gens se garaient en surface… surtout ici, ils aiment bien le grand air donc aller se garer en souterrain ce n’est pas une démarche qui est évidente. C’est clair que quand on donne à refléchir sur la piétonnisation et quand on imagine que 10-15 ans en arrière, certaines rues étaient circulables, on ne l’imagine même plus… je pense que les gens sont super heureux d’avoir un secteur hyper vaste où l’on peut flaner… alors c’est vrai qu’on flane beaucoup, est-ce que les boutiques s’adaptent ? Je ne sais pas. Je pense que les gens… moi-même je suis citadine, je ne fais pas mes courses à l’exterieur de la ville, il y a de plus en plus de Carrefour City ou autres qui ont ouvert en centre-ville, le marché, tout ça… moi je ne vis que intra muros en quelques sortes, et je pense qu’on est beaucoup comme ça à ne plus faire de grosses courses mais à faire tous les jours des petites courses, et à réflechir à ce que l’on achète, et ça pousse à moins gaspiller et peut-être ça oriente les [commerces] qui s’installent, c’est vrai qu’on a énormément de boutiques de créateurs… ce n’est pas forcément de l’achat de première nécessité, est-ce que ça va avec le côté flanerie… on flâne dans les boutiques… et on aime à se laisser surprendre… je ne sais pas mais ce que je sais c’est que les gens aiment le cœur de ville en tous cas…
Depuis quand le parcours patrimonial existe et a-t-il du succès ?
Il est là depuis 2017 et cette année on l’avait imprimé à 40 000 exemplaires et là je relance une impression (donc 40 000 exemplaires en français) donc là je relance une impression parce qu’on en n’a pas assez… donc on nous demande toujours de réduire les impressions mais moi ce que je vois c’est que les gens aiment les plans… là cette année on a eu 40 000, plus ou moins 10 000 en langue étrangère… Plus là 10 000 que je réimprime… et c’est un plan au final que j’adapte souvent parce qu’au final la vie des boutiques fait que certaines ferment, certaines ouvrent, la partie patrimoniale n’évolue pas mais la partie des boutiques j’aime la mettre à jour régulièrement parce que le but c’est d’offrir une information fiable, donc quand on a sur des éditions papier des boutiques qui ont fermé, même si on met la petite ligne « attention la liste des boutiques évolue ce plan a été imprimé en Mars 2022 », je préfère moins imprimer en termes de quantité et réimprimer régulièrement même si ça coûte plus cher, mais offrir une information fiable, donc voilà, c’est quelque chose qui marche pas mal, c’est un parcours qu’on a aussi sur notre site Internet, on avait lancé une appli mais je ne suis pas convaincue par les appli en centre-ville… je pense que les gens ont envie de déconncter et de sortir de leurs smart phones, je le vois comme ça… ce que je sais c’est qu’ils préfèrent une version papier plutôt que de suivre sur un téléphone.
Est-ce que les commerçants qui sont sur le parcours sont contents ?
Oui ils sont contents, j’ai eu des appels cet été « on est super contents », « on a vu plein de gens, plein d’étrangers » non c’est sûr que ça leur amène de la visibilité, c’est évident, et puis de toutes façons les touristes qui sont en séjour ce qui va être différent par rapport à ce qu’ils ont chez eux, ils ne vont pas aller dans des boutiques qu’ils ont chez eux, ils vont vouloir ramener ce qu’il y a d’un peu différent, de local, ce qui a une empreinte locale.
C’est quoi la suite pour donner envie de venir à Chambéry ?
Il faut qu’on se renouvelle dans les vidéos qu’on propose, dans les formats qu’on propose, et je pense que tout est dans le lien, de travailer main dans la main avec l’union commerciale, avec la ville pour pousser ce qui se fait, si on travaille ensemble les choses prennent plus d’ampleur, c’est important que l’info circule. Il y a tellement de choses qui peuvent être faites… avec les restaurateurs, avec les boutiques pour qu’elles soient relais…