C’est un des effets collatéraux des travaux effectués en ce moment à Montpellier : les ambulances et transports médicaux rencontrent de plus en plus de difficultés à circuler.
Notre enquête commence avec Eugène. À 58 ans et suite à une carrière comme ambulancier, ce montpelliérain s’est reconverti et a opté pour une licence de taxi transport médical. Il fait ce métier depuis cinq ans. Dans son quotidien Eugène transporte tous types de clients, ce qui nous intéresse ici est sa clientèle de transport médical, des personnes se rendant ou rentrant de leur séance de dialyse ou de chimiothérapie, des patients affaiblis par leur état et qui souhaitent juste rentrer chez eux au plus vite « mais maintenant avec le rétrécissement des voies de circulation aux abords de Lapeyronie, c’est compliqué, par exemple pour un de mes clients dialysés, avant je le ramenais en 10 minutes, maintenant c’est 45… ».
Maxime de son côté est ambulancier depuis 11 ans à Montpellier : « c’est de plus en plus compliqué de circuler en centre-ville », Guillaume, ambulancier depuis 8 ans va dans le même sens que son confrère « la circulation aux heures de pointe c’est affreux, un peu partout dans Montpellier, et je crains la fermeture du tunnel de la comédie en plus de la fermeture du cours Gambetta, on ne sait pas par où on est censé passer, j’imagine que tous les véhicules vont trouver un autre chemin par où passer et les bouchons vont continuer, ça va être affreux. ». La fermeture du tunnel de la Comédie fait aussi peur à Maxime « ça ça ne nous arrange pas du tout, car ça va nous obliger à faire tout le tour de la ville… ». Cassandra elle, ambulancière depuis quatre ans, a appris « par le bouche-à-oreille » cette fermeture « on ne nous dit rien, on ne sait pas par où on est censé passer ensuite, on ne sait rien… »
En plus de ces travaux et ces modifications de la circulation, ce qui gêne les ambulanciers à Montpellier est le difficile accès au cœur de ville. En cause : les bornes électriques pour lesquelles les ambulanciers n’ont pas de badge « ça nous oblige à sonner pour qu’on nous ouvre, alors on attend, 5, 10 minutes… une fois personne ne m’a ouvert, j’ai dû laisser l’ambulance et partir chercher le patient à pied avec mon brancard ! » raconte Maxime. Cassandra a vécu plusieurs fois la même expérience « on se retrouve bloqué et on doit aller chercher les patients à pied avec nos brancards ». Autre cas de figure poursuit Maxime, on lui refuse parfois l’accès au centre-ville, en laissant les bornes relevées, et en lui expliquant qu’il n’a pas le droit de passer par le centre-ville. Et pendant ce temps, un patient attend qu’on vienne le chercher…
Guillaume, tout comme Cassandra et un service d’ambulance que nous avons contacté, évoque aussi les pistes cyclables qui entravent la circulation, allongent ses temps de trajets et donc lui font prendre du retard « on ne peut mettre la sirène que pour les urgences, le reste du temps pour les transports médicaux, on est comme n’importe quel véhicule, donc parfois on roule sur les pistes cyclables pour rattraper le temps perdu ». Et pendant qu’il est coincé dans les embouteillages, les patients qu’il doit aller chercher ou amener pour des consultations s’agacent « les patients ont envie de rentrer chez eux, alors ils s’agacent, parfois même ils appellent car ils anticipent le retard ».
Autre problème pour Guillaume : le comportement des vélos : « ils nous coupent la priorité, ils se croient tout permis, et ils nous engueulent ! ».
Alors que faire face à ces problématiques ? Réponse unanime des ambulanciers dépités « on fait au mieux ».